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Étape 16: Soudan


📆 Du 22 septembre au 08 octobre 2022 📆


Le Soudan, ça se mérite !


L'idée de se rendre au Soudan prend forme lorsque nous étions à Dubaï. Un nouveau projet à notre porté nous faisait passer par ce pays plus que méconnu. Une seule procédure s'imposait alors à nous, l'obtention du visa. Sur le papier tout semblait plutôt simple, pourtant la théorie nous a jamais semblé aussi loin de la pratique... Nous avons donc, durant 3 mois, visité les quelques ambassades et consulats soudanais dans différents pays. C'est ainsi qu'après 2 visites à l'ambassade des Emirats, 4 visites au consulat d’Arabie Saoudite, nous arrivons à l’ambassade soudanaise au Caire en Égypte ! Nous allons enfin pouvoir obtenir notre Graal. Devenus désormais de véritables chevaliers en croisades nous commençons à être rodé côté administratif, c'était sans compter sur l'organisation à la soudanaise... Il n'y a plus de doutes à avoir, nous arrivons en Afrique. Après s'être bousculés pour parvenir jusqu'au guichet, après avoir bataillés pour qu'on acceptent nos billets en dollars soit disant non conforme "édités avant 2006", après avoir attendus plus de 6 heures pour un tampon, nous voilà enfin gratifiés de ce fameux visa. En pas moins de 8 heures d’attente, quand même!


Et puis, il a fallu passer la frontière, qui n'a pas été chose simple, il faut le dire. Beaucoup, beaucoup d'attente avec en supplément une organisation assez chaotique. Finalement nous arrivons à rejoindre le Soudan, ça ne serait pas ça le plus important ? C'est donc avec satisfaction et fatigués que nous accueillons nos premiers pas dans ce nouveau pays.



Bref nous sommes bien arrivés au soudan, ce jeudi 22 septembre 2022.



L’histoire de Gamar


Les rencontres façonnent notre voyage, c'est un fait. Dans cet article nous avons décidé de vous livrer l'histoire de Gamar, rencontré entre la frontière égyptienne et soudanaise.


Agé de 22 ans, Gamar a conscience de la situation précaire de son pays et ne souhaite pas en être simple spectateur. Il a le souhait de rejoindre une université en Ouganda afin d'apprendre l'anglais et ainsi trouver du travail dans un autre pays africain qui lui permettra de vivre convenablement. Pour cela il lui faut de l'argent, alors Gamar est prêt à travailler dur, quitte à mettre sa vie en danger, pour atteindre son objectif.


C'est en partageant un bout de trajet ensemble que nous apprenons à nous connaître. Il revient enfaite d'Égypte où il a travaillé durant trois mois non stop dans des mines d'or. Ce n'est pas un travail facile évidemment en plus d'être totalement illégal.

Il nous raconte qu'il faut utiliser le marteau piqueur de manière prolongé, que certains descendent dans les mines sans aucune sécurité (il y a d'ailleurs de nombreux accidents), qu'ils dorment sur de simples tapis sous une tente sur un sol aride et rocailleux, qu'il y fait 40 degré et qu'ils doivent attendre les rationnements en eau et nourriture amenés de l'extérieur chaque jour. Pour extraire l'or de la roche il nous explique aussi avoir utilisé un produit corrosif, sans gants, pour à peine quelques grammes...


Comme si cela ne suffisait pas, en traversant la frontière avec ce jeune homme nous assistons, surpris, aux propos racistes auxquels écope notre ami. En effet, la police égyptienne ne cache pas son mépris envers Gamar, de peau très noir. Certains égyptiens aux traits davantage arabes pensent et accusent cette communauté comme étant la cause de leurs soucis et les considèrent comme des voleurs, ça ne vous rappelle rien ?


Malgré toutes les conditions difficiles dans lesquelles il vit et travail, Gamar a été pour nous un véritable ami et une aide incroyable notamment pour le change d'argent. Imaginez-vous changer 300€ au black, dans une "rue" d'un village, au milieu du désert. Et bien grâce à notre ami nous avons trouvé le bon contact et pu recompter sereinement nos billets, bref pas d'enflure !


Un très très grand merci Gamar pour ton aide, ta gentillesse, ton temps à nous accorder et surtout ton sourire dans toutes les situations !


Immersion au cœur du soudan


Pour la première fois en quinze mois de voyage nous avons été séparés plus de huit heures d'affilée ! Après cette minuscule aventure en solitaire il y en avait des choses à raconter au petit déjeuner.

6h du matin, ça parle fort autour de moi, j'ouvre un œil, ça a été remarqué,  on commence alors à gesticuler autour de mon foulard au bout de mon lit. Je comprend qu'elles l'aiment bien. De bon matin je n'aspire qu'à me rendormir, je ne souhaite pas commencer un dialogue rythmé de mimes au vu de la barrière de la langue. Où suis-je ? Dans la petite lokanda, hôtel local, de Wadi Halfa moyennant à peine 3€ la nuit par personne. Melvine ne dort pas avec moi, hommes et femmes sont séparés. La veille on m'a attribué cette chambre avec deux femmes et un petit garçon de trois ans. J'essaye tant bien que mal de me rendormir même si je comprend qu'ici la notion de discrétion et d'intimité semble être différente de celle que j'avais définit et qui me semblait universelle jusque là. Bref, je voyage et je découvre qu'ici la discrétion n'est pas à 6h du matin quand ta colocataire de chambre dort mais plutôt dans la rue où l'islam conservateur du pays ne permet pas de se mettre à danser et chanter à tue-tête devant n'importe qui.
Une fois réveillée, je me dirige vers le fond de la cour qui fait office de salle de bain. L'eau n'est pas revenue, une femme prenant sa douche, nue, m'indique où en trouver. Ici c'est toilette turque et douche au sceau. La pudeur n'est pas de la partie, ça ne me dérange pas. Au contraire, je me sens privilégié d'être de ce côté ci de la porte. Ce côté où ces femmes ne se cachent pas mais rient, dansent, se promènent en petite robe ou bien me parlent alors qu'elles sont nues. Je me rend également compte que je paraît bien gringalette parmis toutes ces femmes, ici les standards de beauté sont bien différents des nôtres. Une femme forte, ronde, "grosse" comme ils disent, est une belle femme. C'est vrai qu'elles sont belles.
Être ici me fait réaliser tout le confort dans lequel j'ai évolué en France. Parfois il me manque, parfois non. Ce qui est sûr c'est que ne payerais pas plus cher pour être dans un hôtel plus confortable car finalement c'est ça le Soudan. Et puis ce petit hôtel rustique nous intègre en l'espace de quelques jours à cette famille mouvante. Certains ont révisés leur anglais pour nous sortir, à Melvine et moi, quelques formules de courtoisie. Le "good morning" et "how are you" sont sur toutes les bouches au troisième jours, ça peut paraître bête mais ça fait très plaisir.

 

 

Comment ça, ça ne fait pas rêver? Pourtant nous nous considérons comme chanceux, heureux et puis on s'éclate bien mine de rien ! Ouais c'est l'éclate.


L’éclate quand nous avons commencer une session d’auto-stop pour rejoindre Abri, notre deuxième étape soudanaise, mais qu’au bout d’une heure nous n’avions pas bougé. Pas étonnant quand on ne croise aucun véhicule tu vas me dire. Pas étonnant quand le prix de l’essence est au même tarif qu’en France pour des salaires dix fois plus bas ! Ça, nous l’apprendrons plus tard, ça fait partie du jeu : essayer et apprendre.



L’éclate quand nous commençons à négocier les prix de l’hôtel qui nous demande 30 euros pour une nuit dans une chambre pas du tout nickel. Avons-nous perdu la négociation quand le proprio accepte que nous posions notre tente à côté de son hôtel sur les bords du Nil ? Nous dirons que non.



L’éclate parce que finalement ce monsieur est resté très fair-play et avons finit par sympathiser. Finalement nous mangerons le petit-déjeuner chez lui avec sa famille, l’accompagnerons à l’hôpital où son petit garçon de trois mois doit recevoir une piqûre, visiterons une palmeraie en pleine saison des dattes. Et on en passe! Nous nous sentons encore une fois privilégiés de pouvoir vivre des moments comme ceux-ci, être immergés au cœur de la vie locale le temps d’un instant. Tout ces gens que nous regardons travailler pendant que nous nous baladons nous accueilles avec beaucoup de gentillesse et savent nous mettre à l'aise.



C’est l’éclate et c'est pas de l’humour. Ce n’est pas toujours facile, c’est très loin de quoi nous sommes habitué, en terme de confort, de façon de vivre, de penser même, mais nous sommes tout les deux d’accord pour ne rien changer et être là à ce moment même.




Comme des stars


Deux « blanquitos » qui visitent le Soudan en sac-à-dos ça ne passe pas inaperçu, c’est le moins que l’on puisse dire. Alors il faut se faire aux regards insistants, aux « bienvenue » à la volée, aux demandes de photos et aux invitations à droite, à gauche.

Ce soir là nous mangions le plat local : du full, une purée d’haricot agrémenté de fromage. A la table d’en face, on nous regarde puis on vient finalement nous accoster. Comme souvent on nous demande d’où nous venons, « France », ça tombe bien nous tombons sur un professeur de français de l’université du coin.

C’est comme ça que nous nous retrouvons le lendemain à faire une intervention devant des étudiants en tourisme/hôtellerie puis une interview devant caméra.

L’accueil soudanais ne s’arrête pas là. Nous passons donc deux jours avec les professeurs de l’école qui nous concocte un vrai programme personnalisé. Il suffit de suivre les légendes des photos pour suivre le fil.


  • Kerma ne pouvait que nous réserver de belles surprises vu le coucher de soleil auquel nous avons assisté à peine quelques minutes après notre arrivé. Il ne faut pas traîner, à 17h30 le soleil se couche déjà !



  • Au Soudan les écoles sont mixtes et l'uniforme est obligatoire. Les élèves assistent ici au cours de français, ils sont en première année; "bonjour, je m'appelle Mohammed et je suis soudanais" est leur premier apprentissage.



  • L'école se terminant à 13h, les professeurs nous préparent ensuite un bon petit plat, à base de riz, légumes et bœuf. Le régal ! Ça fait du bien de goûter à la cuisine locale autrement qu'à travers les restaurants de rue, nous découvrons une autre cuisine finalement. Il est coutume de manger avec les mains, mais pour l'occasion les cuillères sont de sorties.



  • L'après-midi nous sommes accompagnés de toute la petite troupe pour nous faire visiter les restes archéologiques aux alentours du village. À un moment une horde de femmes, pas moins d'une trentaine, vient à notre rencontre. Salutations et selfies sont de rigueur. Sur la photo nous sommes avec une jeune mariée. Elle est apprêtée de nombreux bijoux et de motifs dessinés au henné sur son avant-bras. Elle est magnifique.



  • Le lendemain nous sommes invités dans une des familles d'un des professeurs. Les femmes ont passé la matinée à nous cuisiner toutes sortes de plats que nous partageons ensuite avec les hommes pour le déjeuner. Les femmes, elles, mangent de leur côté. Seule Marion est autorisée à entrer dans la cuisine et découvrir leurs visages. Malgré le peu de temps passé ensemble, elles sont pleines d'enthousiasmes à l'idée d'avoir reçues des hôtes chez elles.



  • Nous changeons de maison et découvrons une autre partie de la famille avec cette fois-ci la grand-mère et de nombreux petits-enfants. Une photo de famille s'impose avant d'être invité à prendre quelques sodas et petits gâteaux.



  • Nous continuons de rendre visite aux membres de la famille en allant à la rencontre des hommes travaillant dans la palmeraie cette fois-ci. Un lieu ressourçant, parfait pour y partager un café et quelques dattes. Inutile de préciser que l'accueil est toujours aussi chaleureux.



  • Nous terminons ces deux journées par une interview sur notre ressenti sur le tourisme au nord du soudan. Nous évoquons évidemment la civilisation nubienne qui a érigé pas moins de 200 pyramides, quand même !



Une Histoire ancienne


Le saviez-vous? Le Soudan compte bien plus de pyramides que l’Égypte et certaines sont plus anciennes ! Impossible de rater l’information une fois dans le pays, les soudanais en sont très fiers.


C’est à Karima que nous découvrons nos premières pyramides. Plus petites que celles d'Égypte elles sont par contre plus anciennes. Impossible d'en trouver une avec le sommet intact, tu m'étonnes quand on sait qu'ils étaient recouverts d'or ! Comme beaucoup de pyramides celles de Karima ont subi pillages et autres idées farfelues pour y découvrir les trésors qu'elles pouvaient cacher.

L'avantage des pyramides soudanaises c'est qu'il est très rare de tomber sur d'autres visiteurs, nous nous retrouvons au milieu des sites historiques seuls, ce qui donne une dimension encore plus intéressante à la visite !



Une fois la visite terminée, c'est encore une fois au bord du Nil que nous trouvons notre bonheur. Les palmeraies sont des véritables petits paradis de verdure et de rencontres. Nous ne comptons plus les invitations pour le petit déjeuner.



 

Les pyramides qui ont retenues notre attention ne sont pas celles de Karima mais plutôt celles de Merowe, plus au centre du pays. C’est en bus que nous arrivons à notre destination. Déposés au milieu de nul part, nous découvrons le site archéologique avec beaucoup d'émotions.



Ce sont plus de 200 pyramides qui furent érigées à l’époque, le temps et les pillages n’ont permis d’en conserver qu'une partie d’entres elles. Nous n’allons pas vous cacher que le mieux est d’y aller tôt, très tôt même, pour éviter l’entrée payante qui demande pas moins de 25€. Nous voilà donc à 6h du matin à l'entrée du site, seuls au monde. Une fois n’est pas coutume, les gardes ne tardent pas à arriver et à nous demander leur dû. Après quelques négociations ils finiront par accepter la maudite somme de 1€ (pour deux) en nous accompagnant même jusqu'à la salle d'exposition. Le Soudan ne finira pas de nous étonner.



Les alentours du site nous ont également beaucoup plu. Un environnement entre désert et savane qui s'est transformé en une vraie aire de récréation et de ressourcement. Loin de la foule, du bruit des villes et des sollicitations. Nous, notre tente et de quoi manger, quoi demander de plus? Un ciel étoilé et sa voie lactée au complet peut-être ? Tout y était.




Khartoum, une ville pas comme les autres


Notre escapade en Afrique se termine donc dans la capitale soudanaise, Khartoum. Une ville où il te faut un 4*4 pour circuler. Une ville où la quatre voies est davantage séparé par un troupeau de moutons que par des rambardes de sécurité. Un centre-ville a éviter le jeudi lors des manifestations, ils gazzent et ça pique dur (expérience testée et pas approuvée) !

Nous arrivons donc dans cette capitale aux allures de village. Ici très peu d'infrastructures dépassent deux étages ce qui rend la superficie de l'agglomération absolument gigantesque



Pour notre séjour nous sommes logé chez Talal, un soudanais charismatique plein de phylosophie. À notre arrivée il nous informe nous rejoindre dans "15 minutes". Pas de soucis, nous en profitons pour prendre un thé bien infusé et un café épicé au gingembre au café du coin. Finalement, nous sympathisons avec la famille voisine qui nous invite chez elle prendre un café et essayer une tenue traditionnelle pour Marion. La petite heure de retard de Talal ne sera même pas remarqué.



Tout juste les sacs déposés Talal nous propose de participer à un festival folklorique qui a lieu ces jours-ci. C'est enfaite la naissance de leur prophète qui est célèbré durant un énorme rassemblement des différentes écoles de soufisme présentent à Khartoum. Talal fait partie de l'une d'entres elles.

Nous voilà donc au milieu de milliers de Soudanais dansant, chantant et priant la naissance du prophète. Chaque école ayant sa particularité nous assisitons à des représentations de danses ou de chants différents à chaque stands.

Une autre particularité de l'événement est le partage de nourriture avec chacun. D'autant plus avec nos "têtes de blancs" qui nous accordent quelques privilèges, nous ne pouvons le cacher. Alors chaque école tente de nous recevoir du mieux qu'elle le peut, tantôt en nous offrant à boire, tantôt à manger ou tantôt en nous accordant l'accès à la tente du grand chef, le Sheïk, véritable gourou où fidèles et croyants viennent lui biser la main.






Bye soudan, retour en France forcé


Oui, ça fait bizarre d'écrire ça mais nous sommes bel et bien rentré en France après 16 mois pile poil de vadrouille. C'est plein de souvenirs en tête que nous foulons le sol français. C'est à la fois si proche et si loin... Nous n'arrivons pas à conceptualiser que nous avons atteint Paris en quelques heures alors qu'il nous a fallut des mois pour arriver jusqu'à Khartoum. Le retour est brutal, dur et il fait mal mais la famille et les copains sont là pour nous donner du baume au cœur.


Nous voulons remercier grandement tous ceux qui nous ont suivit, écrit et pris de nos nouvelles durant ces mois de voyage. Le partage a été pour nous un plaisir, nous étions et sommes toujours plus que ravis quand nous avons des retours sur nos articles.


C'est donc l'heure pour nous de sonner la fin pour ce voyage. Il était peut-être juste temps de rentrer, reprendre des forces et revoir nos proches. Ce n'est certainement pas la fin de nomadnofly, affaire à suivre...


Nous terminons cet article par un grand vrac de ces trois semaines au Soudan. Là-bas c’est presque un autre monde pourtant cette « chose » qui nous pousse à aller plus loin, à dépasser nos limites, nous l’avons trouvé au Soudan comme partout ailleurs. On croit bien que ça s’appelle l’humanité et que c’est sacrément chouette !





 







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